top of page

Une saison à Quimper

L'hiver arrive et la saison touristique touche à sa fin dans le Finistère ... le temps pour moi de reprendre ma plume après une période bien chargée !


Cela fait maintenant huit mois que j'ai déménagé à Quimper pour suivre mon mari Martin. Et cela fait cinq mois que j'ai commencé mon nouveau travail de guide conférencier qui me passionne ! Une façon de découvrir ma région pour la faire découvrir ensuite aux autres !


Alors oui, ça n'est pas toujours facile de changer de vie, il y a des hauts et des bas, on a parfois l'impression de se retrouver un peu tout seul au "bout de la terre", mais vous allez voir que ça en vaut la peine !


Dans ce billet, je vous propose un petit diaporama commenté pour découvrir ma nouvelle ville, dont je suis très fière !


Le nom "Quimper" vient du mot breton "Kemper", qui signifie "Confluent". Et la ville se situe en effet au confluent de trois rivières : l'Odet, le Frout et le Steir.

L'Odet a été canalisé au XIXe siècle pour pouvoir créer une avenue qui reliait le centre ville à la gare, inaugurée en 1863. Certains ont alors surnommé la locomotive "Karrigel an ankou", "la charrette de la mort"...

La cathédrale Saint-Corentin, du nom du premier évêque de Quimper. Jusqu'à la Révolution Française, le nom de Quimper était "Quimper-Corentin". Puis, la ville a porté quelque temps le nom de "Montagne sur Odet", car les Montagnards avaient pris le pouvoir.

Les magnifiques flèches qui dominent la ville ont été construites au milieu du XIXe siècle, par l'architecte Joseph Bigot, qui a beaucoup œuvré dans Quimper et dans la région. Pour financer leur construction, l'évêque Monseigneur Graveran a demandé aux habitants de donner un sou par an et par habitant, et la somme a pu être réunie en six ans.

C'était la mode à l'époque de construire des flèches sur les tours des cathédrales gothiques. Rappelez-vous le projet de Viollet-le-Duc pour la cathédrale Notre-Dame de Paris. Et pourtant, ce dernier n'était pas d'accord avec le projet de Bigot, qui s'inspirait trop des modèles régionaux datant du gothique tardif, et non du XIIIe siècle fantasmé de Viollet-le-Duc.

J'ai eu la chance de participer à une visite des tours conduite par l'Architecte des Bâtiments de France (ABF), Pierre Alexandre. Un soir d'avril, avec une lumière incroyable se réfléchissant sur le granit.

Quand on arrive de la gare, on a ce magnifique point de vue sur le chevet de la cathédrale et les fortifications de la ville, tous deux édifiés à la fin du XIIIe siècle.

Le chevet a été restauré il y a quelques années, suite à des problèmes de stabilité. On a longtemps cru que ces problèmes venaient de la proximité avec la rivière Frout qui coule juste derrière, mais finalement, on l'attribue aujourd'hui à des erreurs de construction et des changements de projets en cours de route.


Mon grand plaisir est de me rendre au centre ville en coupant via le jardin et la cour du palais épiscopal. L'alignement d'anciennes pierres tombales et les grilles en fer forgé donnent un aspect mystérieux à cet endroit.


Les Nouvelles Galeries Anglaret, actuel magasin Bouchara, donnent une allure folle au centre ville. Avec sa grande marquise de verre et ses fenêtres hautes, c'est un bâtiment caractéristique du début du XXe siècle et l'on retrouve ce type d'architecture partout en Europe. Pourtant, ici, un élément est typique de Quimper : ce sont les plats et les carreaux de faïence qui ont été réalisés dans les faïenceries quimpéroises, et qui ont été redécouverts à la suite d'un incendie qui ravagea le bâtiment en 1999 !


Depuis la rue principale de Quimper, la rue Kéréon - d'après le mot breton qui signifie "cordonniers" - on aperçoit une partie de la façade de la cathédrale. Ce serait l'une des nombreuses raisons de la déviation du chœur de la cathédrale par rapport à la nef : Jean V, vainqueur de la Guerre de succession de Bretagne, a voulu faire de la façade une vitrine de sa puissance en y affichant les blasons de sa famille et de ses alliés. Pour que celle-ci soit visible depuis la rue principale, déjà bien implantée au XIIIe siècle, on aurait décalé la façade par rapport au chevet !


Humm... les délicieux macarons de Philomène ! J'ai su que j'allais me sentir bien dans ma nouvelle ville dès que je les ai goûtés ! Au caramel beurre salé, à la vanille ou au citron ... et chaque mois, une nouvelle création !

La Place Terre au Duc avant l'orage. Ce nom étrange vient du fait que nous nous situons sur le territoire de la ville du duc. Au Moyen-Âge, il y avait deux villes bien distinctes, celle de l'évêque et celle du duc, qui a toujours essayé d'occuper un peu le territoire de son rival...

Mes visiteurs allemands m'ont expliqué que cette disposition se retrouve aussi dans la plupart des villes médiévales allemandes.

La petite échauguette au-dessus du Steir. Tour de protection de la porte principale barrée d'une herse qui a malheureusement disparue, elle donne tellement de charme à mes balades quotidiennes.


Vue des flèches de la cathédrale depuis la rue du Lycée. La Chapelle des Jésuites se trouve au bout du chemin. C'est l'un de mes endroits préférés, très calme., qui invite à la contemplation.


Ces curieuses cariatides ornent une jolie maison de la rue du Guéodet. Habillés à la mode de l'époque du roi Henri II, il s'agit en fait de Quimpérois vainqueurs lors de la bataille contre le maréchal d'Aumont, lors des guerres de la Ligue. D'où la banane !


J'aime cette photo de la préfecture qui semble tout droit sortie d'un conte de fée.

Le bâtiment principal a été construit au début du XXe siècle, inspiré du château de Trévarez (voir billet précédent) qui appartenait au président du Conseil Général, James de Kerjégu. De style néo-gothique / néo-renaissance, on a l'impression que le préfet de l'époque voulait faire construire un palais de la République pour faire face au palais épiscopal situé de l'autre côté du fleuve.

Le bâtiment situé tout à droite de la photo correspond à la partie la plus ancienne. Construit au XVIIe siècle par les sœurs Augustines, il a été incendié par les Allemands le 5 août 1944. Reconstruit à l'identique dans les années 1950, on a profité de l'occasion pour construire en sous-sol un abri antiatomique digne d'un James Bond !


Que serait Quimper sans le Festival Quimper Cornouaille ! L'occasion pour moi de découvrir un artiste hors du commun, Carlos Nunez, qui a mis le feu lors de son concert ! Mais aussi de rencontrer les prétendantes au titre de "Reine de Cornouaille" lors de la réception donnée en leur honneur dans les salons des la préfecture. Et enfin, d'être l'une des trois juges pour le trophée de danse du roi Gradlon : quatre heures trente de danse bretonne non-stop. Pour une novice, ça vous remet vite à niveau !

En face de la préfecture se trouve le Passage de l’Épée, et sa superbe verrière, témoin de la Belle Époque où l'Hôtel de l’Épée renfermait dans sa salle à manger le superbe ensemble de peintures réalisées par Lemordant, aujourd'hui conservé au Musée des Beaux-Arts de la ville.

Une ambiance très particulière se dégage de cet endroit un peu abandonné, quelque chose de très nostalgique. Cette atmosphère est renforcée par le gardien des lieux qui remplit des vitrines de toutes sortes d'objets en lien avec Quimper : poupées habillées par la maison Le Minor de Pont l'Abbé, affiche du festival Quimper Cornouaille, photographies des "Reines", coiffes en dentelle ...

C'est l'un de mes endroits favoris pour mes chasses au trésor !


Mon premier réflexe en arrivant dans ma nouvelle ville a été évidemment de visiter la première galerie d'art qui a croisé mon chemin! Située dans la rue Sainte-Catherine, la galerie de Philippe Théallet propose une sélection d’œuvres anciennes et modernes d'artistes bretons, des bons bouquins, des céramiques de Quimper, de belles lithographies d'artistes contemporains comme Valérie Le Roux (photo) ou Olivier Lapicque, mais aussi d'Henri Rivière, un artiste de la fin du XIXe siècle qui a dépeint les paysages de Bretagne à la manière des estampes japonaises.

Les Halles de Quimper.

De prime abord, le bâtiment semble un immonde raté des années 1970. Mais, pour y passer au moins une demi-heure par jour, j'ai appris à mieux l'appréhender et à beaucoup l'apprécier.

La nef centrale évoque la coque d'un navire inversée et les tables au centre accueillent les producteurs locaux ou les lycéens qui viennent déjeuner ici le midi. C'est un vrai lieu d'échanges et de mixité au cœur de la ville, comme il est rare d'en trouver.

Le bâtiment va être bientôt entièrement détruit pour être remplacé par une nouvelle construction. Mais le projet est encore assez vague.

Les langoustines ou "belles de Loctudy" et les araignées de mer ont été une belle découverte ! A la poissonnerie "Marc", vous pouvez demander à les faire cuire dans leur four à vapeur et après, il n'y a plus qu'à les déguster avec une mayonnaise maison !

Mystère, mystère ! Prise dans la maison de René Madec, cette photographie illustre l'un des aspects de la vie incroyable de cet homme.

A neuf ans, il s'embarque comme mousse sur un navire ; adolescent, il participe aux combats entre la France et l'Angleterre en Inde ; il décide d'y rester et le Grand Moghol fait de lui un nabab, une sorte de général; il devient immensément riche mais doit quitter l'Inde lorsque la France perd définitivement la guerre contre l'Angleterre ; revenu à Quimper, il se fait construire un superbe hôtel particulier dans la ville. Il s'y fait aménager un passage pour avoir un accès direct sur le Steir et ... pouvoir y "garer" son bateau ! C'est ce passage que l'on aperçoit quand on regarde par le trou de la serrure ...


L'Hôtel particulier que François-Guillaume du Haffond s'est fait construire au XVIIIe siècle en n'hésitant pas à boucher la rue Treuz pour avoir plus de place !

Son descendant, qui a épousé les idées révolutionnaires, offre le premier étage en 1793 pour y créer le premier Museum de Quimper et y exposer quelques toiles confisquées ... aux nobles !

Le déversoir est le point de commencement de la jolie promenade qui mène au Cinéville. Une réussite d’aménagement urbain où se mêlent parfaitement la ville et la nature.


Quand on remonte la rue des Gentilshommes, on tombe sur un très bel hôtel particulier du XVIe siècle. Lorsque la Bretagne est définitivement rattachée à la France en 1532, les fonctionnaires du royaume viennent s'installer à Quimper, d'où le nom de la rue. Ils se font alors construire de splendides demeures, comme celle-ci qui était le logement de fonction du sénéchal. La porte encadrée de pilastres ioniques, la régularité de la façade ou les fenêtres anciennement ornées de meneaux sont typiques de l'architecture de la Renaissance.

Le majestueux Hôtel Mahaut de Menez Huella, construit au début du XVIIe siècle, pourrait presque passer inaperçu dans l'étroite rue du Sallé, l'ancienne rue des charcutiers.

Le Jardin de la Retraite et sa palmeraie, implantée entre les murailles des anciennes fortifications.

C'était l'ancien jardin des Dames de la Retraite, chez qui les dames de l'aristocratie venaient se retirer quelque temps du monde pour méditer sur leur vie.

Acheté par la ville à la fin des années 1970, c'est un havre de paix où je passe mes fins d'après-midis avec mon bébé qui n'en revient pas de tant de beauté !


Le bâtiment "Ty Kodak" ou la "Maison Kodak", construit en 1933 par l'architecte Olier Mordrel pour le photographe Joseph Villard.

J'adore cette architecture des années 30 à côté d'une ville médiévale.

Encore un lieu plein de nostalgie, témoin d'une époque fastueuse où la bourgeoisie quimpéroise se faisait construire ses maisons de plaisance au bord de l'Odet, et dont il ne reste aujourd'hui plus que les nombreuses passerelles qui desservaient chacune autrefois une résidence privée.

Le théâtre Max Jacob est le lieu idéal où l'esprit vagabonde et l'on y imagine facilement voir errer le fantôme d'une jeune danseuse ou d'une chanteuse d'opéra à l'amour déçu.

Il faut avoir de bons yeux pour repérer cette sublime sculpture de François Bazin, lorsque l'on se trouve dans le quartier de la gare. Plantées entre la voie de chemin de fer et des bâtiments plus ou moins désaffectés, ces superbes "Filles de la Mer" interpellent le passant avec leurs visages sombres et graves.

Auparavant, elles trônaient sur le boulevard Dupleix, devant la grille des jardins de la préfecture, mais l'agrandissement du boulevard les a exilées.

Lorsque l'on sort un peu de l'hyper-centre, on découvre une multitude de tags vraiment chouettes ! Plus de photos sur mon compte Instagram !

Le "quartier" correspond à l'ancien complexe du couvent des Ursulines. Très aéré par rapport au reste du centre-ville, c'est un ancien espace dédié à l'art contemporain qui a récemment fermé ses portes. Mais on y trouve toujours la Médiathèque ainsi que le Théâtre de Cornouaille.

C'est ici que s'est installé en 1874 le prestigieux régiment du 118ème d'infanterie de ligne, qui s'est illustré lors de la Première Guerre Mondiale.

Le quartier de Locmaria est à quelques minutes à pied du centre ville. Encore un havre de paix, où l'on trouve la dernière faïencerie en activité de Quimper, le Musée de la Faïence, l'école de broderie d'art de Pascal Jaouen, l'église de Locmaria et son petit cloître XVIIe et le sublime Jardin du Prieuré.


Dessiné pour évoquer le Paradis, avec ses allées en forme de croix et sa petite fontaine, ses vignes et ses ruches, ses plantes médicinales et ses fleurs, le Jardin du Prieuré est un vrai petit bijou dans un écrin et les murs qui le clôturent ne sont pas sans rappeler le "locus amoenus" ou "lieu idyllique" médiéval. Les perspectives sur le prieuré, l'église et l'Odet sont d'un raffinement sans égal.


Inspiré des villas palladiennes, le château de Lanniron est situé sur les rives de l'Odet. Un peu déçue par la visite des jardins, je préfère la vision que l'on en a depuis le chemin de halage, quand on voit la balustrade de la vaste terrasse s'avancer sur l'eau.


Voilà ! J'espère que vous avez apprécié cette balade avec moi et j'espère surtout vous croiser bientôt au détour de la rue Kéréon ou mieux : vous accueillir à la maison ! En photo, l'un de mes premiers groupes de touristes de cet été !


Pour aller plus loin :


Le site internet de la Mairie de Quimper :


Un ouvrage très beau et très riche sur la cathédrale Saint-Corentin :

Ouvrage collectif sous la direction de Mgr Jean-Marie Le Vert (2013) La grâce d'une cathédrale - Quimper, Strasbourg : La Nuée Bleue.


Le site internet Manoirs et Vieilles Demeures en Cornouaille :


Le site internet de l'Office de Tourisme de Quimper :


Abonnez-vous à ma newsletter

Ne manquez aucune actualité

bottom of page