Premier week-end en amoureux depuis la naissance de mon petit chou ! C'est à Bruges, dans la ville des primitifs flamands, que nous avons posé nos valises pendant 24h. L'occasion de plonger dans les chefs d’œuvres étudiés sur diapositives pendant ma deuxième année à l’École du Louvre !
Alors oui, après huit mois de grossesse et trois mois avec mon petit bonhomme, je me suis retrouvée dans quasiment tous les tableaux conservés au Musée de l'Hôpital et au Groeningemuseum !
C'est moi qui baise les petits pieds chéris dans le Triptyque de Jan Floreins peint par Hans Memling en 1479, qui souffre avec la Vierge au pied de la croix dans le Triptyque d'Adriaan Reins peint par le même artiste en 1480 ou qui couve mon précieux trésor du regard quand je le présente au monde, comme dans le Diptyque de Maarten van Nieuwenhove, peint lui aussi par Memling en 1487.
Triptyque de Jan Floreins, Hans Memling, 1479
Triptyque d'Adriaan Reins, Hans Memling, 1480
Diptyque de Maarten van Nieuwenhove, Hans Memling, 1487
Passées ces premières sensations fortes, que l'on peut ressentir devant beaucoup de tableaux religieux, j'ai commencé à remarquer les mille détails caractéristiques de la peinture flamande et de cette période en particulier.
La peinture à l'huile commence seulement à être utilisée et c'est grâce à cette technique que des peintres comme Rogier van der Weyden, Jan van Eyck ou Gérard David peuvent s'attacher à reproduire objets, étoffes et paysages avec une quasi-réalité bluffante ! Cet attachement à la matérialité des objets dénote aussi une époque : à cette époque, Bruges, est un centre économique riche et important, et l'art reproduit en miroir cette richesse.
C'est ainsi que l'on retrouve derrière Saint-Jean l’Évangéliste, dans le Retable des deux saints Jean peint par Memling en 1479, la reproduction très précise de la place de la Grue à Bruges, où les frères religieux, commanditaires du retable, sont en train d'exercer le "Vergierrecht", un privilège lucratif. Ou que l'on peut reconnaître la cathédrale encore en construction dans l'épisode représentant Le Débarquement à Cologne sur la châsse de Sainte Ursule peinte par Memling en 1482-1489.
Retable des deux saints Jean, Hans Memling, 1479
Le Débarquement à Cologne, Châsse de Sainte Ursule, Hans Memling, 1482-1489
On retrouve ce même souci du détail dans la description précise des intérieurs : les carreaux de verre derrière la Vierge de La Madone au chanoine Joris van der Paele de Jan van Eyck, peinte en 1436, la précision du vitrail représentant Saint Martin, le saint patron du commanditaire du Diptyque de Maarten van Nieuwenhove de Hans Memling, les beaux carreaux de sols de La Madone au chanoine Joris van der Paele ou du Retable de Saint Nicolas par Le Maître de la Légende de Sainte Lucie en 1479-1505.
La Madone au chanoine Joris van der Paele, Jan van Eyck, 1436
Diptyque de Maarten van Nieuwenhove, Hans Memling, 1487
La Madone au chanoine Joris van der Paele, Jan van Eyck, 1436
Retable de Saint Nicolas, Le Maître de la Légende de Sainte Lucie, 1479-1505
Mais c'est dans le rendu des étoffes que les artistes excellent : damas, brocarts, tapis, lange de l'enfant Jésus, les tableaux deviennent un véritable catalogue des savoir-faire flamands.
Madone au chanoine Joris van der Paele, Jan van Eyck, 1436
Madone au chanoine Joris van der Paele, Jan van Eyck, 1436
Madone au chanoine Joris van der Paele, Jan van Eyck, 1436
Triptyque avec la lamentation, des donateurs, SS. Dominique et François, Maître de la légende de Sainte Lucie, 1480-1485
Portrait d'un théologien et son secrétaire, Jacob I van Oost, 1668
L'arrestation de Sisamnes, Antonius Claeissens, 1576-1600
Retable des deux saints Jean, Hans Memling, 1479
Diptyque de Maarten van Nieuwenhove, Hans Memling, 1487
Diptyque de Maarten van Nieuwenhove, Hans Memling, 1487
Madone couronnée par des anges, Le Maître au Feuillage brodé, 1476-1482
Enfin, c'est à l'occasion de l'exposition "L'Art du droit" qui se tenait au Groeningemuseum que j'ai redécouvert la richesse de l'imaginaire complètement déjanté des artistes inspirés par la religion chrétienne. Jugement dernier, Apocalypse, les textes religieux sont un véritable prétexte pour multiplier les monstres et les figures hybrides et leur représentation sont souvent plus savoureuses que les images du Paradis !
Le Jugement Dernier, Adriaan Moreels & Pieter van Boven, 1525
Le Jugement Dernier, Adriaan Moreels & Pieter van Boven, 1525
L'archange Michel et Sainte Agnès, Colijn de Coter, 1490
Double Justice, Jan van Brussel, 1477/1499
Double Justice, Jan van Brussel, 1477/1499
Double Justice, Jan van Brussel, 1477/1499
Le Jugement Dernier, Pieter Pourbus, 1551
Le Jugement Dernier, Pieter Pourbus, 1551
Le Jugement Dernier, Pieter Pourbus, 1551
Le Jugement Dernier, Adriaan Moreels & Pieter van Boven, 1525
Le Jugement Dernier, Adriaan Moreels & Pieter van Boven, 1525
Le Jugement Dernier, Adriaan Moreels & Pieter van Boven, 1525
Retable des deux saints Jean, Hans Memling, 1479
Le Jugement Dernier, Adriaan Moreels & Pieter van Boven, 1525
Pour aller plus loin :
Matthias Depoorter, Guide du visiteur, Le Musée de l’Hôpital, Bruges, 2016, Ludion, Anvers et les auteurs
Guide du visiteur, Groeningemuseum, Bruges, 2016, Ludion, Anvers et les auteurs
Exposition "L'Art du droit", Musée Groeninge, du 28 octobre 2016 au 5 février 2017